Tout au long de ma carrière de professeur des écoles, j’ai été confronté à de nombreux enfants atteints d ’« hyperactivité », au désarroi des parents ainsi que des enseignants (moi y compris), et à l’incompréhension de tous face à ce trouble. Lorsque j’ai décidé de suivre une formation en naturopathie, accompagner des enfants ayant un TDA/H a été ma première préoccupation. J’ai, alors, découvert le livre du docteur Mousain-Bosc, (1), qui présente l’intérêt du magnésium et en particulier pour les enfants hyperactifs.
1. Qu’est-ce qu’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) ?
Le TDA/H est un trouble connu depuis de nombreuses années. On lui donnait auparavant le nom d’hyperactivité, mais le terme TDA/H décrit plus précisément le trouble et ses caractéristiques (l’hyperactivité n’étant qu’un des symptômes possibles). C’est un trouble du comportement qui associe plusieurs symptômes principaux : déficit de l’attention, hyperactivité motrice ou intellectuelle et impulsivité, (2), (3). Il existe différents types de TDA/H, en fonction de la prédominance de l’un de ces symptômes.
1.1. Le déficit de l’attention
Le problème des personnes atteintes de TDAH réside essentiellement dans la gestion des ressources attentionnelles et non dans le fait de se concentrer : ces personnes ont du mal à maintenir leur attention, à débuter et finir une activité. Elles sont peu attentives aux détails, et font de nombreuses erreurs d’inattention. Elles se laissent facilement distraire.
1.2. L’hyperactivité motrice
On dit souvent d’un enfant atteint de TDA/H qu’il ne peut tenir en place et qu’il s’agite continuellement. En effet, son activité motrice est plus importante et plus désordonnée par rapport à un enfant de son âge.
1.3. L’hyperactivité intellectuelle
Du fait de la rapidité à laquelle les enfants hyperactifs pensent, les idées leur arrivent sans qu’ils puissent les contrôler. Aussi, ils leur arrivent de parler de manière incessante en passant du coq à l’âne. Cela peut également entrainer des difficultés d’endormissement.
1.4. L’impulsivité
Les enfants hyperactifs sont passionnés et spontanés et ont du mal à attendre. Ils ont besoin d’agir dans l’immédiateté quitte à interrompre les autres. Ils agissent et parlent avant de réfléchir. Si leur impulsivité n’est pas visible de l’extérieur, cela peut engendrer une sensibilité exacerbée et une gestion des émotions difficile.
1.5. Les autres symptômes associés
D’autres troubles peuvent également accompagner le TDA/H. Ils sont nombreux et ne s’appliquent pas à tous. En voici une liste non exhaustive (2), (4), (5) :
- Troubles de l’ apprentissage : dyslexie, dyscalculie, dysgraphie, …
- Dyspraxie : trouble de la coordination,
- Troubles du langage : dysphasie , aphasie,
- Troubles anxieux : troubles obsessionnels compulsifs, phobie, déprime, …
- Troubles du comportement,
- Troubles du spectre autistique,
- Troubles du sommeil : insomnies, apnées du sommeil, parasomnies, bruxisme, …
- Troubles de l’humeur,
- Tics : vocaux, moteurs, …
- Addictions : internet, jeux vidéo, télévision, …
- Troubles du comportement alimentaire : boulimie, anorexie, …
- Troubles de la personnalité, …
1.6. Le repérage et le diagnostic du TDA/H
Ce n’est pas parce qu’un enfant a du mal à se concentrer ou parce qu’il bouge sans arrêt qu’il souffre du TDA/H. On ne pourra parler de trouble que si les symptômes constituent un handicap et/ou une souffrance pour l’enfant au niveau de ses apprentissages, de ses relations sociales et/ou de sa vie quotidienne et si les symptômes persistent plus de 6 mois. Il convient, en premier lieu, de consulter son médecin traitant qui en fonction de ses observations orientera l’enfant vers un médecin spécialiste avec une bonne connaissance du TDA/H : pédopsychiatres, neuropédiatres, …
2. Comment la naturopathie peut-elle aider une personne ayant un TDA/H ?
Une fois le diagnostic posé et avec l’accord de l’équipe médicale, il est possible d’accompagner un enfant atteint de TDA/H en naturopathie. Plusieurs pistes ont été proposées, (6) :
- Suivre une cure de probiotiques : une flore intestinale équilibrée est essentielle pour le bon fonctionnement du cerveau,
- Eviter le sucre qui a un rôle sur le manque d’attention et l’agitation des enfants,
- Eviter les produits contenant des additifs alimentaires qui risque d’exacerber l’hyperactivité,
- Limiter les aliments pouvant déclencher des intolérances alimentaires (produits laitiers, gluten, …) qui risquent de déclencher des problèmes d’attention et d’hyperactivité,
- Favoriser la consommation d’aliments riches en oméga 3 (poissons gras, certains huiles, …) pour leurs propriétés anti-inflammatoires et le fait qu’ils améliorent les performances cognitives,
- Se supplémenter en magnésium,
- Augmenter la consommation d’aliments contenant du zinc (huitres, foie, sarrasin, œufs, …) qui permet de limiter l’hyperactivité et l’impulsivité,
- Se supplémenter en vitamine D qui a un rôle fondamental dans la synthèse de la sérotonine, neurotransmetteur régulant l’humeur et l’émotivité,
- Modifier son régime alimentaire : régime de Feingold (suppression des salicylates, des colorants artificiels et des aromatisants synthétiques) ; régime Hafer (suppression des aliments contenant du phosphate, prise d’un mélange d’huiles de première pression à froid, …) ; régime atoxique du Dr Seignalet.
3. TDA/H et manque de magnésium
Selon (1), plusieurs signes, se retrouvant dans l’histoire familiale, sont caractéristiques d’une hyperactivité liée à une carence en magnésium. Une réponse positive à certaines des questions suivantes peut laisser penser qu’un manque de magnésium est en cause :
Au niveau des antécédents familiaux : y-a-t-il d’autres membres de la famille qui souffrent des mêmes troubles ou d’autres troubles caractéristiques d’un manque de magnésium ?
- Pendant la grossesse : la mère était-elle déprimée, stressée, angoissée, fatiguée ? souffrait-elle de contractions utérines, d’hypertension artérielle, de malaises ? avait- elle des crampes, des troubles du sommeil, une carence alimentaire ?
- Durant la petite enfance : l’enfant avait-il un sommeil léger ? des difficultés pour dormir ? était-il sujet aux spasmes du sanglot ? avait-il des tremblements des bras ou des jambes ? était-il émotif ? était-il si actif qu’il pouvait se mettre en danger ?
- Pendant l’enfance : en plus des symptômes classiques du TDA/H, souffre-t-il de troubles du sommeil, de douleurs abdominales localisées autour du nombril ? est-il souvent fatigué le matin au lever ? est-il sujet aux malaises avec ou sans perte de connaissance ? a-t-il des tics ? est-il angoissé, stressé, à fleur de peau ? est-il déprimé ? a-t-il de nombreuses peurs ?
3.1. Comment agit le magnésium ?
Présent dans tous les tissus et dans toutes les espèces vivantes végétales et animales, le magnésium est un minéral indispensable à notre organisme. Il agit de différentes manières dans notre organisme : sur la production d’énergie de notre organisme, sur notre système nerveux, sur nos muscles, au niveau des gènes, dans la lutte contre le stress oxydatif et l’inflammation, (7), (8), (9), (10).
Aussi, il est utile pour soutenir l’organisme dans de nombreuses situations telles que l’hyperactivité, le stress, les problèmes de thyroïde, l’hypertension, les pathologies cardiovasculaires, le diabète de type 2, l’asthme, la dépression, l’insomnie, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les migraines, (9), …
De plus, le magnésium n’a que peu d’effets indésirables. Les symptômes d’un excès de magnésium sont des maux de ventres et la diarrhée. Il convient, alors, dès l’apparition de ces symptômes, de stopper la supplémentation en magnésium, (12).
Il est important de noter que le magnésium est déconseillé en cas d’insuffisance rénale aiguë ou chronique.Dans le cas d’un TDA/H, le magnésium a une action sur ses causes biochimiques et sur les conséquences annexes qui lui sont associés.
3.1.1. Son action sur les causes biochimiques
Tout d’abord, le magnésium a une action sur certains neurotransmetteurs impliqués dans le TDA/H tels que l’adrénaline, la noradrénaline, la sérotonine, la dopamine et le GABA. Il va permettre d’aider à la régulation des effets liés à une baisse ou une augmentation des taux de ces neurotransmetteurs, (13).
3.1.2. Son action sur les conséquences annexes du TDA/H
Les symptômes associés au trouble se retrouvent dans les signes évocateurs d’une carence en magnésium : irritabilité, nervosité, mauvaise gestion du stress, difficulté de concentration, insomnie, hyperactivité, anxiété, angoisse, fatigue.
Aussi, le magnésium est un allié utile et efficace pour les enfants souffrant de ce trouble. Il les aide à trouver le sommeil et diminue la fatigue. Il améliore l’état de stress et d’anxiété et apaise les émotions et la nervosité. Il diminue l’hyperactivité et favorise la concentration. Cela aura des effets positifs aussi bien sur les apprentissages que sur le comportement à l’école et à la maison.
4. Comment combler un manque en magnésium ?
4.1. Grâce à l’alimentation
Une légère modification de l’alimentation permet d’augmenter significativement l’apport en magnésium. Pour cela, il est possible de consommer des aliments riches en magnésium comme les supers aliments (algues, plantes aromatiques séchées, poudre de cacao non sucré, graines), les fruits oléagineux, les coquillages, certains poissons gras (sardine), les fruits secs. Mais, aucun aliment ne peut à lui tout seul combler nos besoins en magnésium. Pour y arriver il faudra varier les aliments consommés.
Le Docteur Anne-Laure Denans propose le programme Magnésium Plus, (9), ainsi qu’un ensemble de recettes permettant de doubler ses apports en magnésium.
4.2. Grâce à une complémentation
L’alimentation n’étant pas toujours suffisante, il est possible de se supplémenter en magnésium. Pour les enfants, il faudra faire attention au produit utilisé, aux particularités de l’enfant et à la facilité d’utilisation du complément.
4.2.1. Comment prendre le magnésium ?
La prise du magnésium doit être fractionnée en plusieurs. La première prise se fait au lever, la deuxième en fin de matinée, au moment du repas, la troisième en fin d’après-midi et la dernière le soir avant le coucher. Car le taux de magnésium est plus faible le matin et parce que prendre le magnésium au coucher peut faciliter l’endormissement. Le fait de partitionner les prises permet de ne pas surcharger notre organisme en magnésium.
4.2.2. Quel magnésium choisir ?
Il en existe 3 grandes catégories (14), (15) : les sels inorganiques solubles et insolubles (oxyde, hydroxyde, chlorure, sulfate), les sels organiques solubles (lactate, citrate, pidolate, aspartate) et les sels amino-complexes organiques solubles (bisglycinate).
Le choix se fait en fonction de l’enfant et des effets que le sel utilisé aura sur lui. On déconseille les sels inorganiques du fait de leur effet laxatif, l’aspartate de magnésium car il est neuro- excitateur et le lactate de magnésium car il peut favoriser l’anxiété.
Le bisglycinate, lié à la glycine, n’a pas d’effet laxatif. Il aura un effet relaxant et apaisant. Il est contre-indiqué en cas de prise d’un traitement contre l’ostéoporose.
Le glycérophosphate est chélaté à une molécule de phospholipide. Il permet de lutter contre la fatigue et de réguler les troubles de l’humeur et du sommeil. Cependant, il peut être acidifiant pour l’organisme et son coût est élevé.
Le citrate est chélaté à une molécule d’acide citrique. Il permet de lutter contre la fatigue, de réguler l’humeur et les troubles du sommeil et permet un rééquilibrage acido-basique. De plus, du fait de la présence de citrate qui est soluble, il existe sous forme liquide. Il est parfois difficile pour les enfants de prendre des gélules ou de la poudre, le magnésium sous forme liquide peut être une alternative intéressante, peu contraignante et facile à utiliser.
4.2.3. Que peut-on utiliser pour accompagner la prise de magnésium ?
Pour aider le magnésium à agir, on peut conseiller de la taurine et de la vitamine B6, voire un ensemble de plusieurs vitamines du groupe B. Cela se fera, bien sûr, après avoir vérifié la possibilité d’utiliser les compléments choisis pour des enfants.
La taurine va, d’une part, rendre meilleure la rétention intracellulaire du magnésium et aura un effet apaisant qui permettra de diminuer l’anxiété.
Les vitamines du groupe B agissent sur le développement du système nerveux en intervenant dans la synthèse de la sérotonine, de la dopamine et du GABA. Elles vont donc réduire les symptômes du TDAH en luttant contre le stress et l’irritabilité, en régulant l’humeur et en améliorant la mémoire.
Conclusion
Le magnésium est vraiment un minéral fantastique qui agit positivement à tous les niveaux de notre organisme. Il est un précieux atout pour les personnes ayant un trouble de l’attention. Il va les aider à gérer au mieux le stress et la fatigue. Il permet d’accroitre les capacités de concentration, d’attention et de mémoire. Il joue un rôle important au niveau de l’humeur. Son intérêt dans le TDA/H n’est pas négligeable et mérite que l’on s’y attache avec attention : le magnésium n’a que très peu d’effets secondaires et il peut changer positivement la vie.
Références
1. Mousain-Bosc, Dr Marianne. Hyperactivité La solution magnésium. Soignez les troubles du comportement de l’enfant sans médicaments. Vergèze : Thierry Souccar Editions, 2014. 9782365491006.
2. Coster, Pascale De. TDA/H Aider mon enfant à déployer son plein potentiel. Bruxelles (Belgique) : Mardaga, 2021.
3. https://medipedia.be/fr/tdah/symptomes. https://medipedia.be. [En ligne]
4. www.tdah-adulte.org/#explications. www.tdah-adulte.org. [En ligne]
5. Merienne, Emilie. www.liberelemo.fr/blog/tda-h-trouble-du-deficit-de-l-attention-avec- ou-sans-hyperactivite. www.liberelemo.fr. [En ligne]
6. JuLie Jortay, Fabien Piasco. Enfants TDA / TDAH Approche nutritionnelle. s.l. : Mediatrix, 2020. 9782872111633.
7. ROYER, Dr Isabelle. https://institutdanone.org/objectif-nutrition/le-magnesium/dossier-le- magnesium/. https://institutdanone.org/. [En ligne]
8. Bastianetto, Ph.D. Stéphane. www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=magnesium_ps# carence-en-magnesium. www.passeportsante.net/. [En ligne]
9. Denans, Anne-Laure. Soignez-vous avec le magnésium (Nature & vitamines). s.l. : Thierry Souccar, 2018.
10. A. Berthelot, M. Arnaud, A. Reba. Le magnésium. s.l. : John Libbey Eurotext, 2004.
11. Rousseaux, Julien. https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-nutrition/2774793- magnesium-exces-symptomes-risques-consequences-fatigue-organisme/#quels-sont-les- symptomes-dun-exces-de-magnesium-crampes-vertiges-diarrhees.https://sante.journaldesfemmes.fr. [En ligne]
12. www.medicaldietcenter.be. www.medicaldietcenter.be/fr/optimalisation/introduction/pourquoi-optimaliser/troubles- du-comportement-et-depression-chez-les-enfants/. www.medicaldietcenter.be. [En ligne]
13. Benmeziane, Sara. https://www.mesbienfaits.com/magnesium-choisir/. www.mesbienfaits.com. [En ligne]
14. Dariouch, Benjamin. www.nutriting.com/experts/tout-savoir-sur-le-magnesium/. www.nutriting.com. [En ligne]
15. larucheeveillee.com. https://larucheeveillee.com/quels-complements-de-magnesium- choisir/. https://larucheeveillee.com. [En ligne]
© Gaëlle Legrand-Ardhuin
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